Les chemins de St Jacques en Catalogne
La découverte du tombeau de Jacques le Majeur, au début du IXe siècle, donne naissance à ce qui va devenir, sans nul doute, un des trois grands pèlerinages de la chrétienté.
Le moyen âge connaît une ferveur sans précédent pour le pèlerinage à St Jacques. Les pèlerins affluent de toute l’Europe, hommes, femmes et enfants, nobles et manants se lancent sur le chemin. De nombreuses routes sont alors utilisées pour se rendre à Compostelle.
Si la majorité des pèlerins se rendent directement en Galice, un grand nombre d’entre eux se détournent des chemins principaux et n’hésitent pas à faire de longs détours pour faire étape dans des lieux religieux de forte notoriété comme le Mont St Michel, Rocamadour ou encore le Monastère de Montserrat en Catalogne.
Pour se rendre à Santa-Cecilia de Montserrat, les jacquets quittaient la via Tolosana pour rejoindre Narbonne et empruntaient la via Domitia pour gagner les Pyrénées.
Il faut dire que Montserrat est lié à Santiago de Compostelle depuis l’an 959, date à laquelle Caesarius, moine de son état, entreprend le voyage pour se rendre sur le tombeau de Jacques Le Majeur.
Le monastère acquiert une grande importance et devient une étape incontournable. Il accueille même St François d’Assises à l’aller et au retour de son pèlerinage en 1211 et 1215.
Monastère de Montserrat
Cathédrale à Santiago de Compostela
Chemin de Compostelle par Rocamadour
Ce dernier, à l’occasion de son passage à Perpignan, crée un monastère de l’ordre des franciscains pour l’accueil des pèlerins arrivant du nord. Le Roussillon devient alors une terre d’accueil pour les pèlerins avec ses nombreux monastères et abbayes qui soignent et accueillent les marcheurs.
Après l’étape de Perpignan, les pèlerins avaient plusieurs possibilités suivant la saison, ou encore les situations politiques locales, pour rejoindre le “Camino Francés”.
Certains rejoignaient Montserrat par le Sud, en suivant l’ancienne « Via Domitia » passant, après Elne, par St-Martin-de-Fenollar et ensuite le col de Panissars où furent édifiés au Moyen Age sur les ruines des Trophées de Pompée, l’hospice de Ste Marie de Panissars, non loin de l’actuel Col du Perthus. Le passage des pèlerins a été confirmé par des coquilles retrouvées lors des fouilles du cimetière.
D’autres, choisissant l’intérieur des terres franchissaient le massif pyrénéen par les vallées et les cols.
Sous la sauvegarde de la vénérable abbaye bénédictine de Ste Marie d’Arles, la plus ancienne des pays catalans, crée par les moines de Montserrat en 778, les pèlerins remontaient la vallée du Vallespir. Ils franchissaient le col d’Ares, après une ultime étape à l’hospice de Ste Marie du Coral.
Au Sud, ils retrouvaient le monastère de Ripoll puis la cathédrale de Vic, siège épiscopal et autres centres d’importance sur cette route du pèlerinage.
Ceux qui ne souhaitaient pas passer à Montserrat et rejoindre plus rapidement Puente la Reina, choisissaient la vallée de la Têt. Après une étape à Ille-sur-Têt où l’hospice St Jacques assurait l’accueil des pèlerins, ils trouvaient le gîte et le couvert dans les abbayes de Saint Michel de Cuxa ou de Saint Martin du Canigou, avant de franchir le Col de La Perche à 1581 m d’altitude où un hospice fût construit en 1174.
Après la traversée des plateaux de Cerdagne, les jacquets poursuivaient leur route par l’évêché de la Seu de urgell, Lleida, Saragosse avant de retrouver le Camino Frances à Logroño.
Ces chemins St Jacques en Catalogne étaient également empruntés par les pèlerins italiens pour leur voyage de retour ou encore par ceux, qui après avoir prié à Compostelle, décidaient de poursuivre leur pèlerinage, vers Rome cette fois ci.
Cabo Fisterra, au bout du chemin
Sur la Via Tolosana
Passage en bateau sur le Camino del Norte
Près du but, Santiago de Compostela
Que reste t’il aujourd’hui de ces chemins St Jacques en Catalogne ?
Depuis quelques années, on connaît incontestablement un renouveau de ces routes catalanes. En Catalogne nord, l’association Roussillonnaise des Amis de St Jacques de Compostelle a entrepris la restauration de ces itinéraires historiques notamment celui de la vallée de la Têt. Quatre étapes permettent de visiter les principaux édifices religieux. Un guide du visiteur intitulé « Les chemins Catalans de Compostelle » a été édité en 2002. Sur la route du Vallespir, côté espagnol, à partir du Col d’Ares, un balisage plus ou moins officiel est en place pour rejoindre le monastère de Montserrat via le GR 4 via Ripoll.
Mais depuis 2009, le gouvernement autonome de la Catalogne via l’organisme en charge des sentiers et du tourisme a mis en place l’itinéraire complet de ces chemins St jacques en Catalogne. Ce nouveau tracé débute au monastère de Sant Pere de Rodes à Port de la Selva sur la Costa Brava et traverse l’ensemble du nord de la catalogne jusqu’à la region de Lleida. Il bénéficie d’une signalétique spécifique avec des panneaux de couleur bleu, que l’on retrouve à chaque intersection du chemin de st jacques. Il est également décrit dans un topo guide disponible également en langue française.
L’agence de voyages Trekking Découvertes propose des formules de randonnée liberté, à pied ou en vélo, avec hébergement et bagages transportés le long du « Camino de Santiago ».
Cet itinéraire « les chemins Catalans de Compostelle » complète ainsi l’offre de cet organisateur de randonnées qui propose déjà la via Podiensis au départ du Puy en Velay ainsi que le Camino frances, ou encore le chemin portuguais et la route à Fisterra.