Via ferrata, les sentiers du vertige…

Durant la première guerre mondiale de 14-18, sur le front des Dolomites et le long de la frontière italo-autrichienne, les militaires équipent de grandes parois en câbles, ponts échelles métalliques, pitons et même creusent des tunnels qui abritent des pièces d’artillerie. Ces « vie ferrate » constituent un réseau de sentiers du vertige qui permettent aux troupes alpines de gagner et ravitailler leurs positions. Installées aux sommets des montagnes et des gorges, véritables « nid d’aigle », elles sont quasi imprenables et leur conquête donnera lieu à de très durs combats.

La continuité par le tourisme sportif de montagne.

A l’après guerre, les clubs alpins italiens et autrichiens reprennent l’entretien de ces « chemins ferrés », qui peu à peu rentrent dans un usage touristique.

A la fin des années 1980, cette activité connaît, avec le développement du tourisme, un essor important, de nombreux itinéraires voient le jour un peu de partout en Europe, en France notamment mais aussi en Suisse, en Allemagne, en Espagne et bien sur en Italie, berceau historique de cette activité.

Les fabricants lancent sur le marché du matériel adapté à la sécurité spécifique en via ferrata. La pratique se développe d’année en année.

C’est en Aragon et en Catalogne, provinces qui disposent d’importants territoires montagneux que l’on trouve de nombreux itinéraires. Tout d’abord il subsiste de si et de là des sentiers « historiques » qui sont équipés de câbles et de barres de fer, comme les très fréquentées « clavijas del cotatuero » dans le parc national des canyons d’Ordesa, un chemin aérien équipé de barres de fer au passage des falaises du cirque de Cotatuero ou encore dans ce même massif les « clavijas de Soaso » sur un des itinéraires d’accès au Mont Perdu.

En Catalogne il faut se rendre au sud des Pyrénées dans le massif des aiguilles de Montserrat aux portes de Barcelona pour trouver des « ferratas », parfois anciennes. Si celles de la Teresina ou de las Damas ressemblent à des vias modernes, les remontées ou les descentes des canals (des canyons secs verticaux, entre les aiguilles rocheuses) se font quant à elles sur des équipements un peu plus folkloriques avec un mixage de clous, câbles, chaînes et cordes fixes, dans une ambiance parfois de grande verticalité… encadrement conseillé.

Mais la Catalogne propose aussi des vias ferratas modernes, voire avant-gardiste comme celle de la Cala del Moli, qui fut avant sa fermeture, la première via ferrata maritime au monde ou, toujours sur la Costa Brava, celle des « Agulles rodonas » ou encore plus près des Pyrénées la « Ferrata Regina » et aussi la très aérienne  “les Baumes Corcades”.

Enfin pour compléter ce tour d’horizon des sentiers vertigineux espagnols, nous ne pouvons passer sous silence les « fajas », des chemins sur des vires au cœur de falaises et de cirques rocheux impressionnants. Certains passages sur ces vires sont équipés de câbles ou de chaînes. Ces magnifiques randonnées, pour lesquelles il ne faut pas avoir le vertige, se réalisent dans le parc national d’Ordesa en Aragon ou aussi dans une moindre envergure en Catalogne, dans les falaises de Tavertet.